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Kitelines 04/1994

Parmi tous les cerfs volants conçus pour la traction ces dernières années, y en a t-il eu dessiné spécialement pour l'utilisation sur l'eau ?

Bruno and Dominique Legaignoux, deux jeunes marins et inventeurs français, viennent de sortir un cerf volant nautique très sûr, facile à redécoller sans assistance même après une chute dans l'eau.
Neuf ans de recherche silencieuse et de développement se sont écoulés depuis leur premier prototype, qui est actuellement développé pour le ski nautique et a atteint la taille de 20 m². Ce n'est que l'été dernier que les frères ont commencé la production. Ils recherchent maintenant des entreprises partenaires pour les aider dans la distribution grand-public.
Bien que cela puisse s'adapter sur d'autres bateaux et que des douzaines de kayakistes l'aient adopté, ce cerf volant est normalement fait pour être utilisé avec un catamaran gonflable de 3,2 mètres de long conçu par les deux frères.
Ce catamaran, tracté par un cerf volant et connu sous le nom de WIPICAT (Wind Propelled Inflatable CATamaran), a tout l'équipement pour en faire un nouveau sport de plage populaire.

Le système WIPICAT ne s'applique pas seulement aux catamarans (comme sur la couverture) mais aussi aux kayaks des mers, voir page ci-contre. Ses applications sur le sable, la glace ou la neige sont aussi explorées. A droite, les coques décollent dans les airs. L'armature gonflée et la forme de l'aile permettent de le redécoller dans l'eau.

Il est facile à manipuler et extrêmement sûr aussi bien pour l'utilisateur que pour les nageurs qui sont autour, car ni le bateau, ni le cerf volant ne peuvent couler ou blesser quelqu'un grâce à leurs structures gonflées.
Il y a encore mieux : le bateau, le cerf-volant et tous les accessoires peuvent entrer dans un petit sac, 60 x 32 x 32 cm. De plus le poids total n'excède pas 10 kg.
Le cerf-volant, lui-même est intéressant dans sa forme grâce à ses équipements uniques (et brevetés). Etonnamment, les frères Legaignoux n'ont eu que très peu de contacts avec le monde du cerf-volant. Ils viennent, tous les deux, du milieu de la voile où ils étaient champions de France junior dans les années 70. Cela explique, peut-être, pourquoi leur cerf volant est si innovant et pourquoi il échappe aux influences des autres formes déjà commercialisées.
La voile simple surface de 6 m² est fabriquée à partir d'un polyester anti-déchirure, léger et laminé et sa forme est maintenue par six tubes gonflés et spécialement créés à cet effet : un long en forme d'arche le long du bord d'attaque et cinq autres qui lui donnent sa forme. Ils sont fabriqués dans une matière spéciale (secrète), légère et élastique et glissés dans une sorte de manche en tissu. Vous devez juste les gonfler, remettre les valves à leur place et le cerf-volant est prêt. Il ne coulera pas ou ne se remplira pas d'eau comme les autres voiles gonflées par le vent. En cas de crevaison, ce qui n'arrive quasiment jamais sur l'eau, le cerf-volant peut continuer à voler avec un ou deux tubes dégonflés. De plus, les tubes sont faciles à réparer ou à remplacer.
Vu de face, le cerf-volant à la forme d'un demi-cercle. On remarquera immédiatement l'absence d'un système de freinage complexe ; seulement deux lignes en polypropylène assez courtes (6 mètres) qui sortent de chaque bout de l'arche et ne coulent pas. Elles sont attachées à un mousqueton de sécurité qui peut être facilement décroché du harnais du pilote. Ainsi, les bras du pilote n'ont pas à supporter la traction.
Le système directionnel du cerf-volant est contrôlé par deux petites manettes attachées aux extrémités de deux plus petites lignes qui longent les deux lignes principales et sortent juste un pied (environ 30 cm) avant la voile. Elles sont attachées un peu plus haut à son bord d'attaque. Tirer sur la manette droite entraînera la voile à gauche et vive versa. (Le système de contrôle est l'inverse des cerfs-volants habituels.) Par vents légers, tirer sur les deux manettes donnera un coup de fouet supplémentaire au cerf-volant. Bien sûr le système WIPICAT n'est pas fait pour les acrobaties dans les airs. Ce cerf-volant a été dessiné pour pouvoir être manœuvré d'une seule main.

Le gonflage et le transport du système WIPICAT est rationalisé : à droite, l'aile attend dans un sac vert pendant que le catamaran est en train d'être gonflé. Encart :tout l'équipement dans le sac ne pèse que 10 kilos

Ces dispositifs ainsi que la capacité à déplacer le point de remorquage du bateau permet un contrôle optimum de la direction : tour sur lui-même, arrêts rapides, demi-tours et remontées au vent jusqu'à 60°. Quand il tombe à l'eau, le cerf-volant s'éloigne, poussé par le vent et reprend rapidement la bonne position pour être redécollé. Un vent de force 2 ou 3 (4 à 12 mph) est nécessaire pour que la manœuvre soit possible.
A travers les nombreux tests qu'ils ont effectués, les frères Legaignoux ont atteint des vitesses de 15 nœuds (17 mph) avec leur catamaran. Beaucoup d'autres utilisations de ce cerf-volant vont bientôt être explorées, en particulier pour une navigation plus sûre. Ce cerf-volant insubmersible pourrait peut-être équipé tous les canots de sauvetage.