1996-05-bateaux

Bateaux 05/1996

Dynamique pour s'en sortir

Les radeaux dynamiques n'ont jamais rencontré de succès : trop chers et trop lourds à la fois. Le cerf-volant pourrait peut-être les relancer...

Tous les récits en témoignent. Sur un radeau de survie, il faut garder le moral, s'occuper la tête pour ne pas se laisser dériver vers des pensées morbides. L'action, quelle qu'elle soit, est donc primordiale. Dans le manuel de survie présent sur tous les radeaux, il est écrit qu'il faut essayer de gréer une toile ou de se fabriquer un cerf-volant. S'il en existe un tout prêt dans le paquetage, on passe tout de suite en phase active. Et si les autorités sont assez partagées sur les radeaux dynamiques pour la raison principale qu'avec les moyens de reconnaissance actuels (positionneurs, balises...), il est plus simple que le radeau se laisse dériver depuis la position du naufrage. Mais il y a une alternative. Soit les naufragés disposent d'une balise de détresse, et leur position est suivie pendant près de 72 heures par le Cross. Soit ils n'en possèdent pas, et alors il est plus rationnel qu'ils essayent de rejoindre la côte par leurs propres moyens et le plus rapidement possible, sachant qu'un cerf-volant se voit de loin puisqu'il se trouve haut sur l'horizon et qu'il a des couleurs vives, donc repérables dans un rayon important.

Contrairement à un gréement classique, comme ceux installés sur les nombreux essais de radeaux dynamiques, le cerf-volant est léger et relativement facile à utiliser. Deux grandes familles existent : les ailes et les cerfs-volants à tuyères. Ces derniers, utilisés par Nicole Van de Kerchove lors de sa traversée de l'Atlantique en 1994 à bord d'un Jod 24, demandent à être lancés avec les mains et, surtout, une fois qu'ils tombent à l'eau, ils sont pratiquement irrécupérables car, plus on tire sur leur bout, plus ils s'enfoncent dans l'eau , se transformant en ancre flottante. En outre, ils se stabilisent à une altitude importante (autour de 80 mètres). Mise au point par les frères Legaignoux, l'aile gonflable que nous avons essayée reste à la suflace de l'eau et s'envole sans effort depuis l'eau. Malheureusement, nous n'avons pu observer ses véritables performances par manque de vent (moins de 10 nœuds). Mais ses deux ou trois modestes envolées nous ont convaincus sur ses capacités, d'autant que nous connaissons les possibilités du Wipica, le canot pneumatique à dérives gonflables tracté par cette aile et capable de remonter légèrement au vent.
Sur un radeau, II s'agit de faire le plus simple possible. L'aile doit donc rester statique, c'est-à-dire qu'elle tracte le radeau en vent arrière, voire jusqu'à 120° du vent en étant équipé de plans anti-dérive. En revanche, avec une aile orientable, comme sur le Wipica, on peut se permettre d'envisager un angle jusqu'à 80° du vent . Ces performances permettent tout de même de faire route sur 200° par rapport au lit du vent. De quoi rejoindre un bout de terre...